N.BAHLOUL.businessnews.On le crie sur tous les toits. C’est la crise. Aux Etats-Unis ou en Europe, tout le monde crie à la crise et certains pays sont carrément en récession. C’est même l’hécatombe aux Etats-Unis. Les Américains, et le reste du monde, auront tout vu sous George W.Bush. Tout ce qui est contraire à leurs valeurs. Alors que les États-Unis prônent la liberté, le petit Bush a créé Guantanamo. Alors que les États-Unis prônent la paix, le petit Bush a envahi et « colonisé » l’Irak. Alors que les États-Unis prônent le libéralisme et la loi du marché, le petit Bush appelait la semaine dernière (tête baissée et air grave) au protectionnisme de l’Etat et à l’injection de fonds publics pour sauver des banques et entreprises en difficulté. Où sont les libéraux purs et durs pour crier au scandale ? On ne les entend plus !
Cette crise n’est pas seulement économique ou financière, elle est idéologique. Depuis des décennies, et notamment et surtout depuis la chute du Mur de Berlin, la seule voix audible est celle des protagonistes du libéralisme et la main levée de l’État de tout type de protectionnisme gouvernemental.
En Tunisie, tout au long de ces vingt dernières années, nous avons adopté une solution médiane. Oui au libéralisme, mais mesuré. Oui à la privatisation, mais en aucun cas il ne sera question de privatisations à tout va. L’État est là et demeurera là, en dépit de tout ce que pourront dicter les maîtres de l’économie qui pondent leurs théories depuis Londres et New York sans trop tenir compte des réalités sociales de chaque pays. Rappelons-nous des programmes désastreux imposés par le FMI à certains pays de l’Amérique latine. Le résultat des courses est là. La Tunisie ne compte certes pas de milliardaires figurant dans Forbes parmi ses citoyens, mais elle n’a pas non plus des misérables et des SDF à chaque coin de rue. La Tunisie n’a pas d’hommes d’affaires recevant des parachutes dorés « récompensant » leurs incompétences, mais elle n’a pas non plus des faillites en cascade de banques et de sociétés d’assurances...Notre politique économique et monétaire a, jusque là, fait ses preuves et ce n’est nullement un hasard que la Tunisie ait été, tout au long de ces dernières années, bien notée par différents organismes internationaux. Sauf que ces bons résultats ont été obtenus lorsque nos partenaires européens (notamment allemands et français) étaient en bonne santé. Notre politique mi-protectionniste et sociale, mi-libérale et capitaliste continuera-t-elle à nous protéger ? Le doute est permis, car si notre économie ne dépend pas des États-Unis, elle dépend pour beaucoup de l’Europe. Si les Etats-Unis toussent, l’Europe s’enrhume. Je serai tenté de dire que si l’Europe s’enrhume, la Tunisie risque d’avoir la grippe. S’il est clair que plusieurs de nos entreprises vont profiter de la crise européenne grâce aux délocalisations et aux investisseurs cherchant des pays à moindres coûts…, qu’en est-il de l’essentiel qui vivent du tourisme et des exportations ? Comment se prémunir contre cette éventuelle grippe ? Que risque-t-on d’abord ? Sommes-nous prêts à affronter une crise après avoir subi de plein fouet les augmentations des hydrocarbures et des produits agricoles ? Des questions qui méritent réponses de la part de nos autorités qui, curieusement, demeurent bien silencieuses. Comme si l’histoire ne concerne pas le Tunisien. Il y a bel et bien une crise et tout le monde en parle. Cette crise ne s’arrêtera assurément pas à nos frontières. Pourquoi on n’en parle nullement ? Ce mutisme est fort étrange surtout que la politique menée jusque là est des plus rassurantes. Outre les organismes internationaux qui nous le disent, les chiffres le prouvent. C’est qu’en dépit de ce qui se passe un peu partout dans le monde, et contrairement aux pays occidentaux (Allemagne, France, Etats-Unis, etc.), la Tunisie est très loin de la récession. De cette crise, nous n’en subissons qu’un recul de la croissance qui passe de 6,1% il y a un an à 5,1% actuellement. N’eussent été les hydrocarbures et l’agriculture, cette croissance serait de 6,3%. Elle serait nettement supérieure si nous n’avions pas observé de séance unique durant trois mois.Autant d’éléments qui font notre fierté et qui pourraient, dans ce contexte de crise, bien rassurer si nos gouvernants accordaient davantage d’intérêt à la communication en nous expliquant ce que craint la Tunisie dans ce contexte et en nous présentant les armes dont nous disposons pour la contrer.
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