mardi 21 octobre 2008

Rien à voir avec les TIC : Le jour de gloire n’est pas arrivé !

Nizar BAHLOUL.businessnews.Ce n’était qu’un match de foot entre la France et la Tunisie, censé divertir les esprits et rassembler les peuples. Comme on sait si bien s’y prendre depuis des décennies, on a fait de ce match une affaire politique. Il a suffi que quelques énergumènes, que le président Sarkozy aurait pu facilement et à raison qualifier de racaille, sifflent la Marseillaise pour que l’on crie au scandale. Pour que l’on sorte les grands mots et que l’on rappelle les grands maux. Avant lui, et pour le même incident, le président Chirac a quitté le stade. On aurait pu retenir la leçon et faire en sorte que le regrettable incident ne se reproduise plus. On n’a rien fait. On a laissé faire.

A l’origine du scandale, des jeunes passionnés issus de la deuxième et troisième génération de l’immigration. Ils sont nés en France. Ils ont grandi en France. Ils ont poursuivi leurs études en France. Ils travaillent en France et s’ils ne travaillent pas, ils touchent l’indemnité de leur chômage en France. Ce sont les mêmes qui sifflent la Marseillaise. Pourquoi ? On ne va pas dire que quelque chose ne va pas dans leur environnement direct, mais plutôt rappeler leurs origines maghrébines. C’est toujours le cas quand il s’agit d’actes condamnables et c’est rarement le cas quand l’un de ces "énergumènes" obtient un César ou un Oscar, voire la Coupe du Monde. Là, l’origine maghrébine recule au profit de la nationalité française, de l’école française, de l’environnement français et des mérites de la politique française.De la Tunisie, de l’Algérie ou du Maroc où leurs parents et grands-parents sont nés, ces jeunes n’ont que des souvenirs de vacances. Ils sont là un mois par an, deux mois parfois, pour profiter de la mer, du soleil et des boîtes de nuit. Dans ces pays, on les qualifie de Français. En France, on les qualifie de beurs. Ils portent en eux plein de richesses, fruit de ce mixage culturel qui a fait la force de beaucoup de pays, les Etats-Unis en tête. Qui sont ces Français et qu’a fait l’Etat pour eux ? Qu’a-t-il fait depuis l’incident de France-Algérie ? Qu’a-t-il fait pour que cette intégration si nécessaire se réalise enfin et que l’on dépasse les problèmes historiques qu’ont eus nos aïeux ?Il s’appelle Bernard Laporte et il est secrétaire d’Etat aux Sports. Cet ancien entraîneur de Rugby du team français a trouvé la solution, lui. Que l’on n’organise plus de matchs maghrébo-français ! A suivre Laporte, on finirait par voir les automobiles interdites de circulation pour qu’il n’y ait plus d’accidents de la route. On aurait pu croire que Laporte est un ministre de gauche, seulement Laporte est un ministre de droite. Pire, Laporte est ministre de Sarkozy qui n’a de cesse de parler et d’encourager l’amitié maghrébo-française. Laporte est le collègue de Rachida Dati et de Fadela Amara. Cela en dit long, mais ça ne semble pas dire grand-chose à Laporte. Cela ne calmera pas les esprits. Cela ne peut qu’ajouter de l’huile sur le feu. Au vu des tartines méprisantes et donneuses de leçons, balancées par la suite dans la presse (française, mais aussi africaine), que l’on ne s’étonne plus qu’il y ait des réactions disproportionnées. Le même Laporte dira par la suite qu’on en fait trop. Et lui alors ?On se rappelle tous ce qui s’est passé quand des journaux danois ont publié des caricatures du prophète des Musulmans. En Europe et un peu partout dans le monde occidental, on ne comprenait pas vraiment la disproportion des réactions. On pourrait dire la même chose de la réaction vis-à-vis de ces sifflements, une forme de liberté d’expression, aussi condamnable et saugrenue soit-elle. Après tout, ce n’est qu’une caricature et il n’y a rien de méchant, diront les uns. Après tout, ce n’est qu’un sifflement et il n’y a rien de méchant, diront les autres.

En dépit de tout, il y a une réaction qui ne laisse pas insensible tant elle est réfléchie, pleine de bon sens et faisant appel à la raison. C’est celle de Raouf Najar, ambassadeur de Tunisie à Paris, qui rappelle qu’il nous faut éviter les amalgames afin de ne pas donner du grain à moudre aux intolérants de tous bords. Ce n’est glorieux pour personne, quel que soit le contexte, de laisser les extrémistes guider notre quotidien et notre emploi du temps. Il est franchement ridicule, en ces temps de crises, que le monde s’arrête sur un dessin et sur un sifflement.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C vrai que ce monde médiocre a atteint le summum du ridicule..