mercredi 30 juillet 2008

Les TIC en Tunisie : une question de visibilité

La 17ème édition du Forum de l'Association des tunisiens des grandes écoles (ATUGE), s’est tenue récemment à la cité des sciences à Tunis sur le théme "networking, moteur des stratégies gagnantes à l'échelle des pays, des entreprises et des compétences".

Ce forum a été ouvert par M. Afif CHELBI, ministre de l'industrie de l'énergie et des PME, en présence de plusieurs universitaires et experts nationaux et internationaux, qui ont pris part à cette manifestation. Plusieurs thèmes ont été traités, notamment, le travail au sein de "lobbies" ou groupe de pression et le réseautage à l'échelle méditerranéenne.

Le ministre a insisté sur le rôle joué par les TIC pour attirer plus d' IDE notamment à travers les réseaux publics à savoir les ambassades, les consulats, ainsi que le Centre de promotion des exportations (CEPEX) et l'Agence de promotion des investissements extérieurs (FIPA).

M. Chelbi, à cette occasion, a mis l'accent sur la nécessité de diriger les PME tunisiennes par des compétences tunisiennes, notamment, par ceux qui ont poursuivi leurs études dans des grandes écoles et dont le taux de retour pour travailler en Tunisie ne dépasse même pas le 1%.

Un sujet brûlant a été traité dans le cadre de ce forum : Les TIC en Tunisie : une question de visibilité.


Justement, cette image n’est pas aussi forte qu’on le croit d’après les experts nationaux et internationaux présents. Le Maroc nous devance largement sur ce plan. Dans la plupart des cas, on préfère faire de la sous-traitance des projets au Maroc plutôt qu’en Tunisie. Pour cause, le Maroc investit beaucoup dans la promotion de son image à l’étranger.

Cinq institutions tunisiennes s’occupent de l’image du pays, l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), les chancelleries tunisiennes à l’étranger, l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA), le Centre de promotion des exportations (CEPEX) et l’Office national du tourisme tunisien (ONTT). l’ATCE, est officiellement l’institution qui a pour charge immédiate la promotion de l’image de la Tunisie à l’étranger. «Mais son travail est-il pertinent pour les technologies de l’information ? »

Les chancelleries tunisiennes à l’étranger, supposées véhiculer une certaine image positive de la Tunisie, n’ont pas toujours la culture économique adéquate pour le faire. «Elles sont plutôt branchées culture sociale que culture business. Cet aspect-là est délaissé», nous indiquent-t-ils.

D’un autre côté, la FIPA, sensée promouvoir et attirer l’investissement étranger en Tunisie, manque de moyens pour le faire. Le CEPEX ne reflète pas la vraie image du pays par sa présence dans les salons et les foires internationaux, «avec des stands orientés côté artisanal».

Pour l’ONTT, la destination Tunisie n’est pas bien promue. «Jamais on ne trouverait des campagnes publicitaires à l’étranger pour la destination Tunisie».

Confirmant ces paroles, M. Mounir Beltaifa, directeur exécutif de la société «Bridge 1», affirme qu’il a proposé à des partenaires allemands d’investir en Tunisie. «Ils m’ont répondu que ça ne les intéressait pas et qu’ils sont à la recherche d’une plateforme de développement économique tous secteurs confondus. Le Maroc était plus intéressant pour eux».

Néanmoins, la Tunisie présente plusieurs atouts cachés ; il faut donc les faire ressortir pour justement sortir de cette image décalée, mettant seulement en valeur l’aspect touristique. Ces atouts cachés sont liés au capital humain.


En Europe, il y a des phénomènes qui ont disparu tels que la pérennité et la fidélité des cadres. Tous les cinq ans les cadres changent d’entreprise. En Tunisie, ils restent jusqu’à 14 ou 15 ans dans une seule entreprise.

Au niveau du nearshoring, la Tunisie pourrait gagner sur ce plan puisque «le Maroc a perdu sa crédibilité à ce niveau aux dépens de l’Inde» qui lui aussi est entrain de perdre de crédibilité à cause de la mauvaise qualité des produits souvent citée et et le manque de fidélité et de stabilité des cadres. Ajoutons à cela un effort communicationnel qui devrait se renforcer plus. «La communication d’image est bien développée au Maroc. Si on faisait 10% de ce qu’a fait ce pays, on pourrait bien gagner des points de plus en visibilité», estimen-t-ils.

Axer donc sur une communication structurée et organisée pourrait bien promouvoir la vraie valeur des compétences tunisiennes. «On est resté dans cette culture stratégie qui nous dit : nos compétences sont là, il n’est pas important de les vendre» !

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