vendredi 13 juin 2008

Examens : la technologie aide les tricheurs

walid CHINE:webmanager. La tricherie est aussi vieille que les examens. Depuis que l’école existe, avec ses rituels de passage, certains ont de tout temps essayé de passer à travers les mailles du filet. Pour s’armer du précieux parchemin (quoique ce dernier ait considérablement perdu de sa valeur), certains déploient des trésors de créativité pour faciliter le passage. Mais au 21ème siècle on ne saurait se contenter des «aides» traditionnelles. Finis les petits papiers qui se déroulent dans un stylo, adieu les mains transformées en aide-mémoire, puisque noircies par des dizaines de formules de physiques et autres sciences dures. L’époque est à la high tech. Et les Tunisiens sont friands des derniers gadgets à la mode. L’engouement pour les téléphones portables n’en est que l’aspect le plus révélateur. Alors les élèves s’en servent, et pas uniquement pour annoncer les résultats à leurs parents.

La technologie bluetooth qui sert notamment à l’échange de données entre téléphones portables est ainsi mise à rude contribution. Elle a trouvé un usage inattendu dans ces salles, où on met à l’épreuve les connaissances de nos jeunes élèves et étudiants. Et c’est Assabah, un quotidien tunisien arabophone, qui nous le révèle, dans son édition du 10 juin, alors que les examens battent leur plein. On aurait déjà «attrapé» des élèves en flagrant délit de communication sans fil, alors que leurs camarades s’escrimaient à résoudre leurs équations sans aide extérieure. Et même le portail d’informations français, « Rue89.com» s’est intéressé à la question. Parce que décidément, la tendance est internationale. La technologie est envahissante, et s’intègre, avec des calculatrices programmables, des montres agenda, dans les plans de nos tricheurs.

A noter que dans certains pays, comme la Suisse, par exemple, dans certaines écoles d’ingénieurs des plus prestigieuses, les étudiants peuvent recourir, lors de certaines épreuves, à leurs livres, et autres supports de cours. L’évaluation ne portant en effet pas sur le nombre de formules que l’étudiant aura retenues par cœur et ingurgitées. Mais plutôt sur les solutions qu’il peut apporter à des problèmes concrets. Parce que dans la vie professionnelle, le recours à de la documentation n’est non seulement pas prohibé, mais il est même conseillé. Le but étant de faire avancer l’entreprise, et de favoriser le développement, et non de recracher simplement des données. Depuis qu’il y a internet, couplé désormais à cette fantastique machine qu’est l’ordinateur, les paradigmes ont changé. Les examens de ce type, que les universités américaines ont mis au goût du jour, consistent en effet à proposer des solutions novatrices, en tenant compte des données disponibles. Ce qui élimine, donc d’office et dans une large mesure, la tricherie.

Nous ne faisons ici en aucun cas l’apologie des malversations, toujours condamnables. Les plus retors de nos jeunes n’attendent d’ailleurs plus les «bons» conseils des adultes. Mais peut-être se préparent-ils mieux, ainsi à leur vie d’employés. Nos travailleurs savent que le plus court chemin n’est pas toujours la ligne droite. Et que la réussite ne dépend malheureusement pas toujours des efforts accomplis. C’est dans l’air du temps. Autant d’éléments qui ont contribué à déqualifier le diplôme et les diplômés, les chiffres du dernier rapport de la Banque mondiale sont, à ce titre, révélateurs. Mais on apprendra en tout cas que nos jeunes savent au moins tirer profit des toutes dernières technologies. Et c’est déjà ça de pris !

Aucun commentaire: