jeudi 19 juin 2008

Tunisie, les réparateurs «parallèles» à l’index

S.HAMROUNI, La Presse.Sur les terrasses des villas, des immeubles, des boutiques… une forêt d'objets blancs et arrondis se remarque de partout.

Il s’agit des paraboles. Dès les années quatre-vingt-dix, ces appareils ont fait en effet leur apparition et deviennent un outil indispensable pour de nombreuses familles. Plus de la moitié des Tunisiens possèdent ainsi des paraboles et la réception par satellite de programmes télé a connu une évolution sans précédent. Actuellement, ouverture sur l’autre oblige, la majorité des Tunisiens pratiquent le zapping à travers les chaines de télévision captées par les paraboles.

Suite à cette forte demande, les marchés et les boutiques d’électroménager offrent de nombreuses marques de paraboles et de nouveaux métiers apparaissent. L’antenne parabolique communément appelée parabole par le grand public est une antenne disposant d’un réflecteur parabolique basé sur les propriétés géométriques de la courbe nommée parabole pouvant ainsi recevoir les images télé par satellite. Cette antenne universelle fonctionne sur n’importe quelle fréquence ou longueur d’onde.

A l’époque de son entrée en Tunisie, la parabole coûtait très cher. Le récepteur était vendu entre 1.000 et 1.500 dinars. Aujourd’hui, l’ensemble du récepteur, de l’antenne parabolique et des câbles ne dépasse pas les 200 dinars. Ce nouveau acquis a exigé l’apparition d’un nouveau métier : il s’agit de l’installation et de la réparation des paraboles et des récepteurs. «Au début, c’est-à-dire dans les années 90, ce sont les réparateurs de télévision et de radio qui exercent ce métier.

Actuellement, le domaine a connu de nouveaux intervenants. Des étudiants, des gens ordinaires et même des fonctionnaires installent et réparent les paraboles», indique Mourad, propriétaire d’un atelier de réparation d’appareils électroniques à la rue d’Athènes. Il ajoute : «Nous sommes obligés d’installer une parabole à 35 et 30 dinars alors qu’au départ, on le faisait pour 50 dinars. De même, les coûts de réparation des pannes comme le flashage et l’alimentation du récepteur ont diminué. Ils varient de 5 à 30 dinars. On doit accepter ces prix puisque le client peut aller chercher un réparateur dans les cafés ou par l’intermédiaire d’un ami».

Le recours à des réparateurs itinérants qui ne possèdent pas de local de travail est à l’origine de plusieurs problèmes. Certains ne remarquent que le réparateur n’est pas expérimenté qu’au moment où il commence son intervention. C’est le cas de Rim, une jeune fonctionnaire : «J’ai appelé pour l’installation de ma parabole un étudiant qui m’a été conseillé par une amie. Il a passé toute une journée à installer l’antenne. A la fin, il n’a pas pu la faire fonctionner. Il a prétexté une panne au niveau du récepteur.

Ce n’est pas vrai puisqu’un autre réparateur, et au bout de quatre heures, a pu l’installer sans rencontrer de difficultés». En Tunisie, comme c’est le cas pour les téléphones portables, la formation d’installateurs et de réparateurs d’antennes et de récepteurs satellitaires fait défaut. Certains centres de formation privés et suite à la demande offrent des sessions accélérées qui durent un mois. Mais la majorité des réparateurs semblent avoir acquis leur savoir-faire par l’expérience.

Dans son atelier, Fathi, 29 ans, répare un récepteur numérique. «Je n’ai pas suivi une formation. J’étais un apprenti chez un technicien qui connaissait très bien le métier. J’ai passé presque 10 ans dans son atelier avant d’aller ouvrir le mien. J’ai actuellement mes clients et ils me font confiance. Par contre, les prestataires de services dans la réparation des paraboles sont des intrus qui n’ont pas d’expérience». S. est un installateur et réparateur de paraboles. On le rencontre souvent dans les cafés du centre-ville.

Il ne possède pas un local pour exercer son métier. Ce sont les proches et les amis qui donnent son numéro de téléphone portable aux éventuels clients. «Notre métier est basé sur le déplacement. Pourquoi avoir donc un local… Je n’avais pas suivi une formation. Ma première expérience en ce domaine a commencé par l’installation de la parabole de ma famille. Ensuite, et puisque j’ai quitté le lycée sans avoir eu mon baccalauréat, j’ai choisi ce métier pour échapper au chômage», explique S.


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