samedi 31 mai 2008

"La fin des journaux classiques dans les 5 à 10 prochaines années"

Par Oualid CHINE : Webmanager
Le paysage médiatique tunisien se numérise. Notre presse, particulièrement celle dédiée à l’économie, a basculé peu à peu sur le Net, c’est un fait. Même si les divers acteurs du secteur n’ont pas encore tout à fait accepté la nouvelle donne. Les journalistes tunisiens du web n’ont toujours pas de carte de presse, par exemple. Même si nos hommes d’affaires, et autres cadres de l’économie tunisienne sont désormais accros à notre presse en ligne. Les statistiques de fréquentation de nos portails le prouvent. Et quand elles sont certifiées par un organisme indépendant, elles sont difficilement contestables. Et quand on connaît les enjeux publicitaires sous-jacents… Autant de facteurs qui ont certainement contribué à l’émergence d’une presse tunisienne sur le web. Le paysage médiatique est du reste en plein chambardement. Tant sur le plan strictement tunisien, qu’au niveau international.

Un magnat de la presse traditionnelle prédit la fin des journaux classiques dans les 5 à 10 prochaines années. Puisque selon Rupert Murdoch, «cela ne sera plus économiquement viable de les imprimer». C’est en tout cas ce qu’il a déclaré au cours d’une conférence dédiée au tout numérique, organisée par le prestigieux «Wall Street Journal». La référence absolue en matière de quotidien économique. Qui appartient aussi à Murdoch, tout comme plus de 170 autres titres de journaux à travers la planète. La déclaration de Murdoch, vu l’importance du personnage, n’est donc pas passée inaperçue. Les agences de presse l’ont reprise, les portails du net l’ont diffusée, et la voici faisant le tour du monde, comme une sombre prophétie pour l’information imprimée, mais la promesse d’un avenir encore plus brillant pour le web.

Les déclarations fracassantes sur ce même sujet se sont multipliées ces derniers jours. Sarkozy s’interrogeait ainsi sur les ondes de RTL : «Comment voulez-vous que les gens achètent leurs journaux en kiosque s'il est gratuit sur Internet». Et puisque la qualité première du web est «l’instantanéité» de l’information, pour la contrecarrer, Sarkozy veut résoudre les problèmes de distribution. La méthode ? «Il faut aider la presse écrite à faire du portage à domicile, ce qui créera des emplois et qui permettra d'avoir son journal tôt le matin». Un peu rudimentaire, non ? Rappelons que le président français est un proche de Bolloré, le patron de groupe de presse…

Les difficultés des uns faisant le bonheur des autres, les agences de presse, elles, sont gagnantes. Car quand les journaux réduisent leurs dépenses en correspondants, et en… journalistes, ils ont plus souvent recours aux dépêches d’agences. Le web, lui, est en pleine expansion. Des «stars» de la presse écrite française comme Edwy Plenel ont rejoint le World Wide Web. Le blog d’Alain Gresh suscite des vocations. Et si nos blogueurs tunisiens ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur, quelques organismes étrangers se penchent sur leur cas, leur prodiguant conseils et soutien… Des journalistes tunisiens confirmés, comme Soufiane Ben Farhat, mettent en ligne leurs papiers sur le Net. Un faisceau d’indices, donc, qui prouve, si besoin est, que l’avenir est sur le Net.

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