A méditer pour la Tunisie.
DANIEL KROB, ALAIN BLOCH ET ROMAIN HUGOT:lesechos. L'investissement dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) favorise la compétitivité des entreprises, la croissance et l'emploi : un quart de la croissance mondiale se fait dans le numérique. Si tout le monde semble désormais s'accorder sur ce point, cela ne semble pourtant pas être l'avis des entreprises françaises. Celles-ci - et principalement les PME -, investissent trop peu dans ces technologies (4.170 euros par entreprise, matériels, logiciels et services confondus) contrairement à la Grande-Bretagne (6.324 euros), l'Allemagne (7.331 euros) en ou encore la Suisse (15.148 euros) (source Eito 2007). Cette faiblesse des investissements prouve que les entreprises françaises sous-estiment la valeur générée par les TIC. Considéreraient-elles les TIC comme des biens substituables sans valeur ajoutée ?
Elles se trompent. L'impact de la sous-utilisation des TIC dans l'économie française est estimé à 1,5 point de croissance. Et si, côté entreprises utilisatrices, on s'équipe peu et on utilise mal, côté entreprises fournisseurs, on crée des technologies, mais on n'en développe pas l'usage. Le fort taux d'équipement des foyers français en accès haut débit est une avancée majeure, mais ne doit pas être perçu comme un aboutissement : il a fallu pour y arriver une baisse drastique des prix et la promesse d'un nouveau service (la téléphonie en VoIP). Dans les faits, c'est ce nouvel usage qui a provoqué l'équipement des foyers et non l'inverse : s'en est suivi un cercle vertueux où l'équipement engendre à son tour de nouveaux usages.
L'équipement seul ne suffit pas. La création technologique non plus. L'industrie du logiciel en France illustre bien la confusion entre création et innovation. De nombreux produits prometteurs n'ont jamais connu l'industrialisation, tandis que les réussites viennent des entreprises qui ont su porter leurs efforts non seulement sur la création du produit, mais surtout sur sa promotion et le développement de son usage. La création de valeur vient de l'usage d'une nouvelle technologie à une échelle suffisamment importante pour générer un bénéfice économique et diffuser un nouveau savoir-faire, qui constituera à son tour tant le socle que l'humus des prochaines innovations.
Comment créer chez nous cette culture de l'usage qui nous fait défaut et rend nos concurrents compétitifs ? Cette « révolution culturelle » passe par l'éducation de tous : futurs utilisateurs, ingénieurs, mais également entrepreneurs.
Cette double compétence est rare dans notre pays et faute de les trouver en France, les employeurs qui le peuvent vont les chercher à l'étranger. Sur le plan académique, le diagnostic de cette pathologie française caractérisée par une incapacité à transformer les avancées technologiques en usages, a déjà été posé : c'est le manque de transversalité de nos enseignements dans beaucoup de domaines et singulièrement en matière de TIC.
Un système d'information étant la résultante d'un système informatique et d'une organisation humaine et économique, il n'est plus possible pour un futur décideur ou un futur ingénieur de ne pas disposer d'un socle de connaissances technique et économique, indispensable pour agir sur cette composante déterminante que représente le système d'information dans la vie d'une organisation.
Le développement de ce socle de connaissances passe d'abord par des formations aux systèmes d'information, thématique encore absente du système universitaire français, dont l'intérêt majeur serait d'intégrer la dimension technologique avec celles issues du management des entreprises : stratégie, valeur, modèles économiques, usages...
Mais nous devons également remettre en question notre manière d'aborder la connaissance et favoriser les formations à double compétence, sources d'innovation et de performance, qui font émerger des profils aussi pointus technologiquement que créatifs et expérimentés commercialement. Il semble archaïque et contre-productif qu'un ingénieur conçoive des solutions techniques sans vision économique ou qu'un entrepreneur mette en place des stratégies d'entreprise sans vision des contraintes techniques ? C'est pourtant bien ce que notre système favorise et c'est ce manque de culture commune qui conduit aux errements, aux gabegies... et au retard de la France en matière économique !
Elles se trompent. L'impact de la sous-utilisation des TIC dans l'économie française est estimé à 1,5 point de croissance. Et si, côté entreprises utilisatrices, on s'équipe peu et on utilise mal, côté entreprises fournisseurs, on crée des technologies, mais on n'en développe pas l'usage. Le fort taux d'équipement des foyers français en accès haut débit est une avancée majeure, mais ne doit pas être perçu comme un aboutissement : il a fallu pour y arriver une baisse drastique des prix et la promesse d'un nouveau service (la téléphonie en VoIP). Dans les faits, c'est ce nouvel usage qui a provoqué l'équipement des foyers et non l'inverse : s'en est suivi un cercle vertueux où l'équipement engendre à son tour de nouveaux usages.
L'équipement seul ne suffit pas. La création technologique non plus. L'industrie du logiciel en France illustre bien la confusion entre création et innovation. De nombreux produits prometteurs n'ont jamais connu l'industrialisation, tandis que les réussites viennent des entreprises qui ont su porter leurs efforts non seulement sur la création du produit, mais surtout sur sa promotion et le développement de son usage. La création de valeur vient de l'usage d'une nouvelle technologie à une échelle suffisamment importante pour générer un bénéfice économique et diffuser un nouveau savoir-faire, qui constituera à son tour tant le socle que l'humus des prochaines innovations.
Comment créer chez nous cette culture de l'usage qui nous fait défaut et rend nos concurrents compétitifs ? Cette « révolution culturelle » passe par l'éducation de tous : futurs utilisateurs, ingénieurs, mais également entrepreneurs.
Cette double compétence est rare dans notre pays et faute de les trouver en France, les employeurs qui le peuvent vont les chercher à l'étranger. Sur le plan académique, le diagnostic de cette pathologie française caractérisée par une incapacité à transformer les avancées technologiques en usages, a déjà été posé : c'est le manque de transversalité de nos enseignements dans beaucoup de domaines et singulièrement en matière de TIC.
Un système d'information étant la résultante d'un système informatique et d'une organisation humaine et économique, il n'est plus possible pour un futur décideur ou un futur ingénieur de ne pas disposer d'un socle de connaissances technique et économique, indispensable pour agir sur cette composante déterminante que représente le système d'information dans la vie d'une organisation.
Le développement de ce socle de connaissances passe d'abord par des formations aux systèmes d'information, thématique encore absente du système universitaire français, dont l'intérêt majeur serait d'intégrer la dimension technologique avec celles issues du management des entreprises : stratégie, valeur, modèles économiques, usages...
Mais nous devons également remettre en question notre manière d'aborder la connaissance et favoriser les formations à double compétence, sources d'innovation et de performance, qui font émerger des profils aussi pointus technologiquement que créatifs et expérimentés commercialement. Il semble archaïque et contre-productif qu'un ingénieur conçoive des solutions techniques sans vision économique ou qu'un entrepreneur mette en place des stratégies d'entreprise sans vision des contraintes techniques ? C'est pourtant bien ce que notre système favorise et c'est ce manque de culture commune qui conduit aux errements, aux gabegies... et au retard de la France en matière économique !
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