jeudi 11 septembre 2008

Tunisie - Création d'entreprises : Quelle relation existe-t-il entre les banques et les PME?

Lapresse.La création de l'entreprise dépend largement de l'existence d'un système bancaire à même de répondre aux besoins de financement.
Ce système, qui est considéré comme étant le moteur du développement de l'économie nationale, est appelé à faciliter l'accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises, d'autant plus que les PME dominent le paysage industriel et commercial du pays. A ce titre, le rôle des banques dans le financement de l'économie nationale est d'une grande importance : première source de financement de l'économie tunisienne (+ de 80%).Un rôle central qui a pu être consolidé grâce notamment aux réformes qu'a connues le secteur bancaire ayant pour objectif d'améliorer ses prestations et de l'impliquer davantage dans le processus de développement.
Le rapport de la Banque centrale pour l'exercice 2007, qui vient juste d'être publié, a consacré une grande partie au secteur bancaire. Il a parlé des réformes introduites et du rôle important de ce secteur-clé dans le financement de l'économie nationale.
Ainsi, les réformes qu'a connues le secteur bancaire visant l'amélioration de la qualité de ses prestations ont permis de consolider son rôle central dans l'économie du pays. L'année 2007 a constitué un tournant important dans l'évolution de l'activité de ce secteur. Le système bancaire s'est résolument inscrit dans une démarche ayant pour objectif le renforcement de sa situation financière et la concrétisation des réformes visant à promouvoir son activité et à améliorer ses performances.
Il y a lieu de signaler l'effort considérable des banques dans la mobilisation de l'épargne et le financement de l'économie. En effet, l'encours des dépôts s'est accru de 13,7% pour dépasser 25 milliards de dinars. De même, l'encours des concours à l'économie a augmenté de 9,7%.
Le secteur bancaire a continué d'assurer son rôle principal dans le financement des investissements en approuvant 2.565 demandes de financement, en 2007, pour une enveloppe de crédits dépassant 2,2 milliards de dinars, soit plus des deux tiers des demandes de financement. Par ailleurs, l'élargissement du réseau des agences bancaires reflète une nette évolution de l'activité de ce secteur. Ce réseau a été enrichi par l'entrée en activité de 200 nouvelles agences durant les dernières années pour atteindre 1.060 représentations, soit l'équivalent d'une agence pour moins de dix mille habitants contre une pour 11,6 mille habitants en 2001. De son côté, le nombre de comptes bancaires a, également, continué de croître pour dépasser 5 millions de comptes, soit l'équivalent d'un compte pour deux habitants, constituant, ainsi, un taux de bancarisation comparable aux niveaux observés dans les pays développés.
Sur un autre plan, l'année 2007 a connu la poursuite de l'amélioration des indicateurs du portefeuille des crédits et des assises financières du secteur. La part des crédits classés est revenue, ainsi, à 17,6% contre 19,3% en 2006 et le taux de couverture desdits crédits par les provisions a été consolidé de plus de 4,2 points de pourcentage pour atteindre 53,2%. Ainsi, le secteur bancaire progresse vers la concrétisation des objectifs de réduction du taux des créances classées au niveau de 15% en 2009 et de 12% en 2011.
Constituant l'un des piliers stratégiques pour la modernisation du système bancaire, les réformes visant l'amélioration de la qualité des services ont été poursuivies en 2007 avec, notamment, le démarrage de l'activité de l'observatoire des services bancaires en tant que pourvoyeur d'informations pratiques et actuelles sur les opérations bancaires et les conditions comparées de banque et vecteur de diffusion de la culture bancaire auprès des opérateurs économiques et du public.
Par ailleurs, le démarrage effectif de la fonction de médiateur bancaire ne peut pas passer inaperçu. Il s'agit d'une institution consacrant le mode amiable dans la résolution des litiges qui pourraient naître entre l'établissement bancaire et le client et les valeurs citoyennes du métier de la banque.

Maîtrise des risques
Dans le domaine de la monétique, l'évolution à un rythme rapide est perceptible à travers l'accroissement du nombre de cartes bancaires et d'opérations de retraits et de paiements ainsi que la diversification des services et l'avancement des grands projets, à l'instar de la généralisation de la carte à puce et l'adoption d'un réseau de communication privé.
En matière de promotion du contact direct entre l'établissement bancaire et le citoyen, le premier salon des services bancaires et de la monétique et les journées ouvertes organisées en 2007 ont permis d'approfondir le dialogue entre les professionnels et les clients sur les voies et moyens à même de développer l'activité du secteur et d'améliorer la qualité de ses services.
Concernant la progression dans l'exécution du programme de restructuration du secteur bancaire, le mois de janvier 2008 a été marqué par la privatisation de la Banque tuniso-koweïtienne, par la cession de 60% de son capital. S'inscrivant dans le sillage de l'orientation tendant à créer des institutions bancaires de grande taille et capables de soutenir la concurrence étrangère, les préparatifs se poursuivent en vue de la fusion des banques mixtes tuniso-libyennes pour créer un pôle bancaire disposant de capacités financières importantes, à la mesure des aspirations des deux pays.
Ces réalisations soulignent le progrès accompli par le système bancaire au cours des dernières années tant au niveau des indicateurs de solidité financière que de la qualité du portefeuille des créances comme de ses prestations. Aussi, l'institution bancaire est-elle devenue désormais plus citoyenne et plus proche des préoccupations de la clientèle.
Maîtriser les risques et moderniser les modes de gouvernance
Toutefois, les mutations de l'environnement international et l'évolution de l'industrie bancaire dans le monde placent le secteur bancaire devant l'obligation de renforcer ses capacités à maîtriser les risques et de moderniser ses modes de gouvernance. Dans ce contexte, le passage aux nouvelles exigences de l'accord Bâle II présente un nouveau défi que les établissements de crédit se doivent de relever, à travers notamment la modernisation de leurs systèmes d'information et le renforcement des fonctions de contrôle interne. A ce titre, les travaux du comité stratégique, mis en place sous l'égide de la Banque centrale, sont au stade de la finalisation ; les objectifs de la prochaine étape ainsi que la stratégie et le calendrier de passage aux nouvelles normes sont déjà définis.
Les réformes dans le domaine bancaire et financier ont pour objectif de hisser la Tunisie au rang de place financière et de services à l'échelle régionale, à même de fournir les meilleures prestations et d'attirer davantage de capitaux stables destinés au financement de l'économie, outre la consolidation de la participation du secteur des services financiers dans l'effort du développement et dans la création accrue d'emplois au profit des diplômés de l'enseignement supérieur. Le démarrage des premiers grands projets, tant dans le cadre des concessions que du partenariat avec des groupes en provenance de pays frères et amis, ainsi que les derniers préparatifs pour le lancement des travaux du port financier dans la banlieue nord de la capitale, représentent un jalon important sur la voie de la réalisation de ces objectifs.

Convertibilité totale du dinar
Accompagnant ces orientations et œuvrant à franchir de nouvelles étapes sur la voie de la libéralisation totale du dinar et la consolidation de l'intégration de l'économie nationale dans son environnement régional et international, le démarrage l'année écoulée du programme triennal 2007–2009 ambitionne de soutenir le processus de libéralisation du compte capital, de développer le marché de change domestique, de diversifier les instruments de gestion des avoirs en devises et d'élargir la gamme des comptes en devises et en dinar convertible.
Ces réformes entrent dans le cadre de la stratégie visant l'amélioration du climat des affaires et l'allègement des procédures, afin de permettre à l'entreprise tunisienne de saisir les opportunités, de préserver et de renforcer sa part dans les marchés étrangers, d'une part, et d'accélérer le rythme de l'investissement étranger et attirer les ressources nécessaires pour relancer l'investissement privé, d'autre part. Il s'agit, plus globalement, d'aller de l'avant pour arrimer l'économie nationale à la sphère internationale tout en veillant au renforcement des mécanismes de prévention des risques inhérents à l'intégration dans les marchés financiers internationaux. Les dernières années ont connu des avancées successives de libéralisation du change couvrant l'ensemble des opérations commerciales et financières et consacrant dans les faits la liberté des transactions économiques et financières avec l'étranger, qui profite aux entreprises comme aux particuliers, aussi bien résidents que non résidents.
Dans ce contexte, les travaux se poursuivent pour préparer le nouveau code de change dont la promulgation constituera le couronnement du processus de libéralisation entamé depuis plusieurs années et l'intégration effective de l'économie nationale dans son environnement régional et international.
Parallèlement aux dernières mesures de libéralisation introduites sur la réglementation de change et afin de consolider son rôle dans la réalisation des objectifs au niveau de l'amélioration de la compétitivité de l'entreprise et de la promotion des exportations, il incombe aux banques de renforcer leurs capacités à diversifier leurs services en développant la fonction de gestion des risques, notamment ceux relatifs aux opérations de change et de financement extérieur, et ce, par la mise à la disposition des entreprises des mécanismes permettant la maîtrise de ces risques.


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